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Finance durable: interview de Bertrand Gacon et Antoine Mach

Finance durable: interview de Bertrand Gacon et Antoine MachFrédéric Ruiz (ISFB): Finance durable, finance d’impact, finance socialement responsable: de quoi parle-t-on ?
Il existe en effet plusieurs terminologies dans le domaine de la finance durable que les spécialistes du secteur utilisent pour distinguer certaines variations dans les motivations, les sensibilités ou les méthodes employées. Ces différentes approches ont néanmoins toutes un dénominateur commun : intégrer des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans les choix d’investissement ou de financement, pour le bénéfice à  long terme de l’ensemble des parties prenantes.

FR : La finance durable est vieille de plusieurs siècles mais n’est entrée que récemment dans le paysage financier. Doit-on y voir un signe de mode ou de maturité ?
Nous voyons cette évolution comme un mouvement de fond et non une mode passagère. Cela est dà» à  des facteurs externes — incitations gouvernementales, demande de certains investisseurs institutionnels et privés, attentes des ONG, consommateurs et médias quant à  la responsabilité des entreprises, et internes — des analystes et gérants réalisent qu’ils ont intéràªt à  disposer d’évaluations complètes du profil de risque des sociétés (ce qui inclut les facteurs ESG), pour mieux maà®triser leurs risques, obtenir de la performance sur le long terme et finalement redonner du sens au capital.

FR : Certaines critiques affirment qu’il ne s’agit ici que d’une manière durable de se donner bonne conscience alors que nombre d’études montrent que la gestion socialement responsable obtient des performances comparables, voir supérieures à  la gestion classique. Peut-on réconcilier investissement durable et performance ?
De plus en plus de produits de finance durable affichent en effet des performances comparables ou supérieures aux indices de référence. Plusieurs raisons à  cela : la notation ESG s’est affinée et est devenue pragmatique, inclusive. Les risques de réputation liés à  des scandales sociaux et environnementaux grandissent en màªme temps que les attentes du public et la sévérité des pouvoirs publics. Ces aspects se répercutent sur la valorisation des sociétés. Pour finir, une bonne performance ESG est souvent le signe d’un management de qualité qui agit pour l’entreprise dans une perspective de long terme.

FR: Dans les faits, la finance durable doit-elle s’opposer, complémenter ou fusionner avec la gestion traditionnelle?
La finance durable est à  l’image de notre économie: diverse. Il y a un phénomène d’intégration de l’ESG dans la finance conventionnelle qui peut amener à  sa dissolution, à  une fusion. Mais d’autres approches reposent sur une différentiation, une labellisation.

FR: Le fond de réserve de la Norvège, le plus gros investisseur au monde avec près de 800 milliards sous gestion travaille quasi exclusivement selon des principes éthiques et durables. Est-ce un signal fort ou une exception scandinave?
C’est un modèle précurseur o๠l’Etat s’appuie sur la finance afin de sensibiliser les entreprises à  l’intéràªt public. En France, Franà§ois Hollande vient de proposer un Pacte de responsabilité à  l’attention des entreprises, illustration de l’élargissement de ce modèle social-libéral.

FR: Le temps n’est-il pas optimal pour que la Suisse et son historique d’innovation financière profite de son rôle de centre de compétence dans la finance durable ?
Absolument. L’heure est venue pour la Suisse de miser sur de nouvelles compétences afin de compléter ses atouts historiques durables (stabilité politique, éducation, monnaie), et de remplacer ses arguments en voie de disparition (secret bancaire). La tradition humaniste helvétique peut s’allier à  son expertise bancaire pour en faire un leader en finance durable.

FR: Dernière question, comment puis-je m’informer, respectivement me former à  ces disciplines et problématiques ?
Devenir membre de Sustainable Finance Geneva (SFG), ou simplement s’abonner à  sa newsletter; suivre le module de formation continue en finance durable, co-organisé par SFG, la Haute Ecole de Gestion de Genève, et l’ISFB: http://sustainablemanagement.ch/modules/das/programme/modules5/module10.html

Source

Interview réalisée par Frédéric Ruiz avec Bertrand Gacon (Lombard Odier) et Antoine Mach (Covalence EthicalQuote), pour in-formation, newsletter de l’Institut Supérieur de Formation Bancaire ISFB.

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